December 22 2009
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17:47
L'intimité ici, n'est pas une notion très claire, du moins, à mes yeux.
Ainsi, si vous êtes au téléphone et que, miraculeusement, votre voisin n' y est pas lui, au téléphone, parce qu'il est muet, ou qu'il n'a plus de batterie, celui-ci écoutera consciencieusement votre conversation, sans se cacher, et même, il pourrait intervenir.
Mais oui, mais oui.
Si deux personnes se disputent, un passant peut très bien s'en mêler pour appuyer l'un ou l'autre.
C'est TRES énervant, j'en conviens.
Mais si vous êtes au rayon des riz et que vous vous demandez parmi les dizaines proposés, lequel choisir, un homme peut s'approcher et vous conseiller celui-ci plutôt qu' un autre parce qu'il est réellement meilleur.
Et si vous choisissez un riz de votre propre chef, une dame vous demandera comment vous le préparez.
De même les maisons ont la plupart du temps des fenêtres ouvertes et on peut ainsi profiter des conversations des voisins, au téléphone ou dans la cuisine, quand ce n'est pas dans le jardin, entre amis ou en famille.
Je connais toute la vie médicale de la dame d'en bas, qui raconte absolument tout en détail, à sa soeur.
Le voisin de l'immeuble d'à côté donne le prix de toutes ses acquisitions à ses visiteurs.
A shabbat il y a un rituel immuable.
Shabbat, jour du seigneur.
On est sensé faire un break, et se consacrer à Dieu et à sa famille.
Le vendredi soir, les jeunes se réunissent en face de notre immeuble et hurlent comme des coqs ayant pris froid devant des poules gloussant bêtement.
Des vagues de sons graves et aigus , sortent de la bouche des adolescents en pleine muance.
Et j' imagine tout un tas d'horribles choses que je pourrais leur faire pour qu'ils la ferme.
( Pensées déconseillées en général et, particulièrement à shabbat ).
Pas de voitures qui circulent, ou si peu.
Tout le monde fait la sieste.
Les enfants sont au parc.
Et la dame du dessous à gauche, que je n'ai jamais vue, se déchaîne tous les samedis de la même manière sur son crétin d'ado.
Sa voix haut perchée hurle "Pourquoi ? Pourquoi ?"
TOUS les samedis.
Un bruit de fond répond mollement à cette question émise pourtant avec insistance.
TOUS les samedis.
De temps en temps le mari pousse un grognement, faisant mine de participer.
On dirait qu'ils répètent un sketch pour une fête quelconque.
Un couple, quelque part, s'engueule en russe et ceux d'en face, crient à travers la maison.
Avi ? Avi ? Avi? Aviiiiiiiiii? ( Là déjà, des pensées noires commencent à m'assaillir ).
Oui ?
Où tu es ?
...
Avi ?
Oui ?
Où tu es ?
Ici !
Viens une minute.
La famille juste en dessous ne parle pas.
Ils beuglent.
Le père sur le fils cadet.
La mère sur le fils cadet.
La petite sorcière de 4 ans, sur le frère cadet.
La petite teigne, qui ressemble à une adorable poupée, dirige la maisonnée à coup de cris stridents et de hoquets rageurs, tous les jours de la semaine, avec la régularité d'une mégère suisse.
Le shabbat, elle fait des gammes du matin au soir, mais c'est moins pire que lorsqu'elle décide de chanter.
Et puis, parce que Dieu les a également crées, les chiens se mettent au diapason, autour de 18h00.
Un con de clébard, toujours le même, entame ce qui va devenir un concert d'aboiements frénétiques, qui vont s'arrêter net, deux heures plus tard, juste quand je pense sérieusement à m'acheter une carabine.
Oui parce que j'ai d'abord pensé avec délectation aux sièges moyen-âgeux où on versait de la poix bouillante sur l'assaillant, mais je ne pense pas que ce soit casher.
Bien que l'envie d'utiliser une carabine sur des chiens non plus.
Ni même d'avoir des pensées aussi peu tolérantes que les miennes.
Mais bon, la seconde de culpabilité passée, je me dis qu'on ne peut rien cacher au Bon Dieu et qu'il saura être compréhensif envers moi et que peut-être une petite épidémie d'extinction de voix...
Bon ça va j'arrête.
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