Ou comment traverser le temps et les époques.
Il faut bien le dire, la mode israélienne, si elle a une place bien ancrée dans la société et produit un nombre non négligeable de créateurs en tout, que ce soient les vêtements ou les accessoires, la mode israélienne donc, est ... hideuse, immettable, invraisemblable, disgracieuse, on ne sait pas où est le devant et où est le derrière, sans forme, ... bizarre.
Les olims qui s'y adaptent le mieux sont les américains, qui l'eut cru, et les religieuses, adeptes du déguisement qui veut que l'on porte des chapeaux ridicules et des superpositions sans fin.
Certaines françaises, je parle toujours des religieuses, plutôt jeunes, gardent une sorte d'élégance, en nouant joliment un foulard sur leur tête, s'habillant plutôt comme les hippies chics des années de ma jeunesse, l'air égaré dû aux substances illicites en moins.
Bien que Dieu, quand on y croit, ait l'air d'en faire planer plus d'un.
Mais je m'éloigne du sujet.
Je pense que le pire reste les chaussures.
Certaines donnent l'impression que celle qui les porte est dotée de deux pieds bots, et même agrémentées de fleurs et autres décorations, rien, non rien, ne rendra ces choses sexy.
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Autre option, pauvre de nous, les CROCS ( affreuse invention israélienne) hiver, elles sont fourrées, comme été.
Chéri s'y est mis et trouve que rien n'est plus confortable.
Je trouve ça très laid, bien que Chéri est toujours beau, quoiqu'il porte.
Sinon les tongs, à porter en traînant impérativement les pieds.
Le pantalon " j'ai oublié mon lange "a enfin disparu du paysage, après avoir enlaidi toute une génération pendant des années.
Cela ne vous dit rien ? Mais si, le pantalon qui donne l'impression qu'on a enfilé l'arrière à l'avant. Celui qui baille au niveau du slip, laissant croire que cette mode fut créée par un picpocket cherchant à engranger ses trésors près de ses bijoux de famille.
Dans un pays qui compte un taux d'obésité non négligeable, cherchez du XXL.
Aussi improbable que l'espoir d'être en paix avec nos voisin, du moins avant quelques décennies.
Moi par exemple qui suis en sur-poids, les israéliennes disent que je suis pleine, ce qui revient à dire de manière poétique que je suis en sur-poids, moi donc, je ne dépense rien en fringue.
Si déjà et fort miraculeusement je trouve un truc qui me plaît, ( H&M vient d'ouvrir à Kfar Saba ), aucune chance que je rentre dans un t-shirt/top/jupe étiqueté L et qui est en réalité un S.
Mais ici ce n'est pas un problème, on s'en fout de la taille et louons l'invention du strech car comment ferait-on sinon pour respirer, je vous le demande.
On se rabat donc sur les choses très très colorées, tant qu'à se faire remarquer, que ce soit dans la joie.
Les olims, souvent, même après des années d'alyah, ne se résolvent toujours pas à s'habiller à la mode israélienne.
Ils gardent leurs look d'antan, et quand ils le peuvent, vont acheter leurs pompes hors du pays.
Leurs pompes et le reste.
Mais certains, convaincus que l'intégration passe aussi par le déguisement, pardon, l'habillement, se mette à suivre une mode qui me fait penser qu'elle sort, la plupart du temps, de l'atelier de créateurs fous et épileptiques.
Ce qui donne un défilé fort varié et intéressant du genre humain et de ses (mauvais) goûts.
Garde robe années cinquante, choucroutes très garnies, cheveux dont la couleur oscille entre le rouge et le bleu, quand ce ne sont pas des dégradés passant du blanc au noir.
Paillettées pour faire leurs courses au super, les Russes ont introduit le goût de ce qui brille, le maquillage et les bijoux qui les font ressembler à une Soukka qu'on aurait trop décorée.
Elle ont importé une certaine notion de la coquetterie, alors que c'était le cadet des soucis des sabras qui, il faut le dire, étaient naturellement superbes.
Et les ongles alors.
De véritables oeuvres d'art.
Si on aime.
Attendre à la caisse tout en observant la caissière aux griffes incrustées de diamants, et se demander comment elle fait pour ne pas se les coincer entre les touches, fait passer le temps, pendant que la cliente qui vous précède se rend compte, juste au moment de payer, qu'elle a oublié le lait et les oeufs.
Et le pain.
Oh et puis les tomates.
Mais bon je m'égare.
Les décolletés sont incroyablement plongeants, à tous âges.
Et aucun mec digne de ce nom ne vous siffle pour autant ou ne vous met la main aux fesses.
Ils vous draguent les israéliens, ça oui, même quand vous êtes moulée dans un mini short qui ne cache rien de votre cellulite, mais dans l'esprit bon enfant qui caractérise les hommes du Sud.
( N'importe quoi ! )
Mais non pas MOI en short ! Les autres.
Les branchées de Tel Aviv portent le cheveux très très court et toute leur bijouterie là où il y a moyen de pendre ou d'accrocher quelque chose.
Des chaussures de créateurs qui ressemblent à des bouilloires futuristes et des tenues dans les dégradés de gris, toutes en superpositions.
Bon vous l'aurez compris, la rue ici est un cirque dans lequel personne ne regarde personne et critique encore moins, ( à part Bibi et j'ai un peu honte je l'avoue) ce qui, quand on vient comme moi d'un pays où être belle équivaut à avoir l'air malade et désespérée, et où on vous toise avec mépris si vous n'êtes pas dans la norme des magazines, est fort agréable.
Ne croyez pas que j'exagère l'excentricité des israéliens et encore moins leur cool attitude, tout est vrai.
Bon ceci n'engage que moi et ma subjectivité, en tous cas je me suis bien amusée à délirer.
En effet, je suis coincée à la maison avec une grippe carabinée depuis 3 jours.
J'ai l'impression que je vis mes dernières heures et cherche en vain ce que je pourrais léguer à mes descendants, à part mes chaussures justement, ce qui n'intéressera probablement pas mon fils.
Ben non, niveau pointure ...
Ah, et merci à ceux qui se sont demandé où j'étais passée, mais je suis d'une humeur de chien depuis quelques semaines, et comme le but ici est de voir le bon côté de la vie, j'ai eu un peu de mal, tant l'envie de faire des choses horribles à certaines personnes ont occupé mon esprit.
Mais Grégoire Lacroix a dit, "Quand on vise la médiocrité, c'est elle qui vous atteint".
Je dois donc me réjouir d'en être éloignée aujourd'hui.
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