Comme tous les ans, et sans possibilité de débat, ma cousine de 80 ans et son mari de 82 nous appellent pour nous remémorer que nous sommes attendus pour le seder.
Nous sommes donc partis à Haifa.
Le long de la route, nous dépassons les éternels malheureux en panne, moins toutefois qu'il y a 4 ans, et le flot de voitures bondées de voyageurs habillés en blanc, alourdies par les plats préparés depuis une semaine.
Dans la foule, il y a les enchantés, les impatients, les résignés, mais surtout il y a les enfants, pressés de chanter à tue-tête, et plus tard dans la soirée, chercher l'afikoman.
Chez nous, point de petits, mais bien des grands costauds, entre 15 et 25 ans, qui ont chanté avec entrain toute la soirée, complimentant leur grand-mère pour le repas.
J'ai pensé à mes enfants, loin de moi, et j'ai vu le bonheur intacte de mon cousin rappelant la libération de nos ancêtres, tel un acteur de théâtre qu'il aurait pu être, son enthousiasme montant au fur et à mesure que son verre de vin se vidait.
Avant qu'on ne le lui remplisse à nouveau.
C'était, comme à chaque fois une belle soirée, et nous avons quitté la famille, alors que mon cousin chantait avec conviction une chanson de Brassens, en hébreu.
Persuadé pourtant de chanter du Brel.
Arrivés chez nous, nous avons entendus les voisins hurler joyeusement et avec force "mi yodea ?"
Moi, je sais en tous cas pourquoi je suis ici.